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qui a conservé en Guyane, les coutumes de la tribu du Bénin dont elle porte le nom.

Les Bonny guyanais ont gardé les modes africaines, chevelure crêpelée en forme de cornes, tatouages en façon de cuir repoussé, cicatrices noircies de poudre de charbon, soleil irradiant du nombril, spirales retroussant l’arc de la bouche en un rire éternel. Dans un village, les Bonny égrenaient leurs litanies devant une statue de déesse obèse aux mamelles pendantes ; et, de la terre détrempée par leurs oblations, ils s’oignaient le front, les paupières, la poitrine et les membres. Devant la case du fétiche, trois vieillards présidaient à la danse rituelle de deux jeunes gens qui voltaient, les bras collés au corps, une pagaie sur l’épaule. À la pagaie pendait un scalp humain dont la chute eût été du plus fâcheux présage. Et ce détail laisse deviner que les marrons ont quelque peu subi l’empreinte de leurs voisins, les Indiens de la Guyane.