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LA VENTE DES « MAURES AUX CHEVEUX FRISÉS »

Et voilà qu’en l’année 1444, un troupeau d’esclaves, deux cent trente-cinq, débarqua à Lagos, « Maures aux cheveux frisés », qui n’étaient autres que des nègres. Un roi Yolof en faisait commerce. Ca’da Mosto s’en rendit compte de visu : « Les noirs, tant hommes que femmes, écrivait-il, accouroyent tous pour me veoyr comme une grande merveille, leur semblant grand’chose d’avoir la veüe d’un chrétien, dont ils n’avoyent onqu’ouy parler. Et ne s’étonnoyent moins de ma blancheur que de mes habits à l’espagnole, une jupe de damas noir avec un petit manteau par dessus. Si que les uns me manioyent les mains et les bras qu’ils frotoyent, ayant mis de leur salive par dessus, pour veoyr si ma blancheur procédoyt de fard ou teinture, ou bien si c’étoyt chair. Pensant aussi que les yeux qui sont en proue de la navire, fussent yeux naturels par lesquels le navire voyoyt pour se conduire sur la mer, ils prenoient les blancs pour des enchanteurs quasi comparables aux diables. » Des diables qui les mirent en coupe réglée, à partir de 1469, où un négociant de Lisbonne, Fernand Gomez, reçut du roi de Portugal le monopole de la traite des nègres. On les vendait en Portugal ou on les revendait en Afrique : l’homme devenait un vulgaire objet de troc.

Et un troc fructueux, au rapport du Tournaisien Eustache de La Fosse, qui disait des nègres de Guinée, en 1480 : « Ils nous amenaient des