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Le jour de la Fête-Dieu, quand un coup de canon annonçait la sortie du Saint-Sacrement de l’église de Cayenne, tous les nègres fugitifs se jetaient à genoux ; puis ils allaient en procession autour de leurs cases, les femmes en portant des croix. L’un d’eux, Couacou, baptisait les nouveau-nés et récitait journellement la prière : le dimanche, il égrenait le chapelet.

LES BONNY DE LA GUYANE RESTENT FIDÈLES
AUX COUTUMES AFRICAINES

Les Hollandais, en 1730, avaient cru terroriser les marrons des forêts de Surinam en suppliciant onze d’entre eux : l’un fut suspendu vivant à un gibet par un croc qui lui traversait les côtes ; deux autres furent brûlés à petit feu, six femmes rompues vives, et deux jeunes filles décapitées.

Les rebelles n’en devinrent que plus furieux. La terreur s’installa dans la colonie. Et ce furent les planteurs qui en furent les victimes. Las de lutter, ils vinrent à composition avec les marrons de la rivière Saraméca et offrirent au capitaine Adoe, leur chef, en 1749, un superbe jet à pomme d’argent, sur lequel étaient gravées les armes de Surinam. Mais d’autres troupes de marrons envenimèrent les relations entre blancs et nègres.

— « Dites à votre gouverneur, déclara le nègre Araby aux délégués hollandais, de prendre garde que les planteurs traitent mieux des hommes qui sont leur propriété et ne les abandonnent pas à la conduite de commandeurs adonnés