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glissent vers des boutiques entr’ouvertes au clair de lune ? Des paquets d’herbes sous le bras, les nègres entrent, déballent leurs marchandises ; et, au milieu du tas d’herbes, apparaissent des objets ou des denrées dérobées à la plantation, indigo, sucre, café ou coton, que les voleurs échangent contre des bouteilles de tafia, de la morue ou de la mercerie. S’ils sont pris, ils risquent la perte d’une oreille, de la seconde en cas de récidive : « Si on me la coupe, gémissait un nègre de Saint-Christophe en se jetant aux pieds de Longvilliers de Poincy, je ne saurai plus où mettre mon bout de pétun. » Et le gouverneur général, touché de cette simplicité, lui laissa une oreille où camper un cigare, au lieu de la clouer au pilori. Les plus coupables étaient condamnés au carcan et exposés en public, un bâillon frotté de piment sur la bouche : les malheureux ne cessaient de baver.

Le code de la Martinique allouait au bourreau des émoluments suivant le tarif progressif que voici : couper le poignet, deux livres ; les oreilles, cinq livres ; la langue, six livres ; le jarret, quinze livres ; donner la question, quinze livres ; pendre, trente livres ; brûler vif ou rouer vif, soixante livres.

Aux îles danoises de Sainte-Croix et Saint-Thomas, les ivrognes étaient munis, comme muselière, d’un masque de fer blanc fermant à clef. Les esclaves qui esquissaient une tentative de fuite, étaient nantis d’un collier de fer avec une paire de cornes.

À la Jamaïque, en cas de récidive, on leur coupait un pied. Pour rébellion, on les brûlait à petit