Page:La Roncière - Nègres et négriers, 1933.djvu/151

Cette page n’a pas encore été corrigée

bourreaux, quand il se reprit : « Il est plus beau de pardonner à ses ennemis, lorsqu’on peut leur ôter la vie. » Son père venait de mourir. Le pauvre esclave devenait roi du Bondou. Et la mansuétude que lui inspira l’adversité, fit de « Job le bon Prince » le Titus de l’Afrique, si l’on en croit le More-Lake.

LES CHÂTIMENTS ET LES TORTURES

« Il faut être humain envers son semblable : la couleur ne doit point influer sur notre façon de penser, écrivait en l’an X un ancien habitant de Saint-Domingue dont le nom, ou surnom, S. J. Ducoeurjoly, témoignait d’un caractère sensible. Le nègre est un homme comme nous, et cette différence du noir au blanc ne dépend pas de lui. S’il commet quelques fautes qui méritent punition, on ne doit point pour cela se livrer à la colère et lui faire subir des châtiments aussi cruels que certains habitants se le permettent. »

Les fautes bénignes, ivrognerie, libertinage, désobéissance, étaient punies du fouet, peine légère quand on se rappelle qu’à l’époque, les marins recevaient, eux aussi, le dos nu, des coups de garcette du « chat à neuf queues ».

En Guyane hollandaise, on attache les coupables à un pieu dans une plaine brûlée de soleil, ou à un arbre de la forêt où les moustiques, par leurs piqûres, leur causent une mort atroce. À d’autres on fend le nez ou on arrache les dents pour les punir d’avoir mangé des cannes à sucre.

La nuit venue, quelles sont ces ombres qui se