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UNE IDYLLE FRANCO-NÈGRE SUR LES
BORDS DU NIGER (1413)

Tout autre fut l’accueil que l’on fit à Toulouse, à la fille d’un prince noir de Gao, c’est-à-dire d’une ville sise au-delà de Tombouctou. Anselme d’Ysalguier l’avait épousée sur les bords du Niger ; et de l’idylle, était née une charmante petite mulâtresse, la plus jolie fille de Toulouse, disait le conseiller Bardin, qui la courtisait. Et le médecin noir Aben Ali, attaché à sa suite, eut la gloire de guérir Charles VII, encore dauphin, de passage dans la ville. La négresse, Cazaïs, avait le même nom que la vice-reine de Gao, capitale d’un empire nègre, portée l’année même du retour d’Ysalguier, en 1413, sur la carte de Mecia de Viladestes.

Elle venait d’un pays où l’esclavage sévissait partout, où le nègre était à la fois une monnaie d’échange, troquée contre des chevaux ou des denrées, et une bête de somme qui portait sur sa tête les fardeaux. Plus heureuses, certaines négresses avaient une situation privilégiée comme cuisinières : elles s’achetaient jusqu’à cent pièces d’or à Aoudaghost — ville, morte aujourd’hui, en plein Sahara — à cause de leur habileté à apprêter des gâteaux à la noix, du macaroni au miel, du chameau aux truffes et des serpents à l’absinthe.