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Dahomiens jouaient à la perfection. C’était une simple branche tendue comme un arc par une corde de jonc qui vibrait entre les lèvres au souffle le plus léger. Quand le rossignol avait commencé ses trilles à l’orée d’une promenade de bambous, au murmure du vent qui agitait les branches, le veilleur de nuit accordait son bender : et le voyageur anglais, enthousiasmé par cette mélodie nocturne, parlait d’introduire des soli de bender dans les orchestres européens pour remplir de leurs mesures les silences de leurs récitatifs. Quant à la flûte caramantee, qui avait trois pieds de long et trois trous, elle tenait du hautbois. Faite du bois poreux de l’arbre trompette, ses notes hautes, pleines de douceur, et les sons graves de ses notes basses unissaient le pathétique à la tendresse.

En Afrique, le musicien pinçait comme un harpiste son violon à trois cordes en fruit de mapou, en s’accompagnant d’un chant qui était souvent la satire des grands personnages de la tribu. Il y récoltait l’esclavage. Et c’est ainsi que Sloane rencontra à Nevis et à la Barbade des virtuoses.

À Saint-Domingue, on appelait ces improvisateurs des zamba. Paroles, air, accompagnement, le zamba adaptait l’air au rythme de chaque figure, et les paroles à la position publique ou privée des assistants. La verve s’exerçait à leurs dépens. Au besoin, ce qui ne valait pas la peine d’être dit, était dansé avec des gestes qui traduisaient en action, comme dans la plaisanterie napolitaine, de petits drames.

Les zamba répondaient au signalement des griots, qui étaient, selon la définition de Golberry, «