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à celui de l’économie politique ; Aristophane trouvait plaisant de refuser à l’esclave l’entrée de la barque à Caron ; et Hésiode affirmait froidement qu’il était au riche ce que le bœuf était au pauvre.

De cette effroyable institution qui assimilait l’homme au bétail, le moyen-âge chrétien n’avait pu faire litière. Sans avoir la barbarie du paganisme antique, il n’avait pas su réaliser la fraternité humaine. En Espagne surtout où les musulmans occupaient l’Andalousie, les esclaves étaient nombreux. Et c’est peut-être ce qui explique le sort des malheureux Guanches des îles Canaries. Là, aux îles Fortunées, dans le séjour des Bienheureux chanté par Homère, dont un tapis de fleurs d’or jeté sur les flots par Pindare ornait l’accès et que Plutarque dotait d’un éternel printemps, vivait une peuplade de race blanche, quand le Normand Jean de Béthencourt, en 1402, en entreprit la conquête. Les Guanches, dont les armes dataient de l’âge de pierre, ne purent défendre leur indépendance. Les Espagnols les débitèrent comme esclaves. Et il ne reste plus dans l’archipel, comme témoignage d’une race disparue, que les cavernes sépulcrales où reposent les guanartèmes de la race royale. Les Guanches ? Vous en trouverez le type à Porto-Rico, à Haïti, à Cuba où ils furent déportés, à Cuba, où un village porte le nom, Tinguarra, d’un chef Guanche expédié là avec d’autres islenos des Canaries.