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et soutenus. Les duos dialogués paraissent être leur genre favori. Une basse continue très correcte, quoique dictée par l’oreille seule, accompagne toujours celui qui chante le dessus, qui abandonne ensuite la partie pour la laisser à l’autre dont il devient l’accompagnateur. L’amour est le sujet ordinaire des chants de ce peuple lascif ; mais il n’en parle pas avec autant de grâce qu’il met d’ardeur à sa poursuite. » Dans la calenda, hommes et femmes virevoltent les uns autour des autres, au centre d’un cercle de négresses qui scandent, en battant des mains, les strophes d’une cantatrice à la voix suraiguë, la reine Chanterelle. Le Catalier, en frappant sur sa caisse, et le Singulier, en battant un morceau de fer, accompagnent ces ébats.

Pour la valse lente de la Méringue, il faut, à Saint-Domingue, un violon et un accordéon, car tout se modernise, encore qu’on y danse aussi au son du magoyo, simple châssis de bois orné de clochettes.

LA DANSE DU VIEUX ROI BRICHI

Les nègres créoles, pour qui le bal était une passion, considéraient avec une morgue aristocratique les nègres bosales qui arrivaient d’Afrique. — « Ou semblez macaque, vous ressemblez à des singes », leur disaient-ils. À l’époque où l’esclavage existait encore à Cuba, écrit Henri Gaullieur, une douzaine de bosales y avaient été débarqués en contrebande et, parmi eux, un roitelet nègre qu’on appelait le vieux