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impeccable. Quant aux mélodies, de la plupart se dégage un charme auquel les oreilles européennes se montrent aussi sensibles que les oreilles africaines, charme empreint de douceur et de mélancolie, mais de force et de fierté dans les chansons guerrières. » Et que d’occasions de chanter et de danser : il y a la danse des seins dans le Moyen-Chari, la danse autour du mort dans l’Oubangui-Chari, la danse d’initiation dans la secte des Yondos, les danses sacrées de la côte d’Ivoire devant le masque d’une divinité.

L’on se prend à songer à la millionnaire américaine dont parle Paul Morand dans la Magie Noire. Paméla n’a qu’une goutte de sang nègre dans les veines : et pourtant, humée par le cercle magique d’une danse de noirs, « elle rentre dans le ventre de l’Afrique », sans vouloir rien garder de commun avec les blancs.

Et l’Afrique, en exil, aux îles, comme au continent du nouveau-monde, continue ses ébats. Le samedi soir au coucher du soleil, le nègre revêt son pantalon de Hollande, sa femme ou ses femmes un jupon de toile des Indes. C’est l’heure de la danse, que parfois le maître honore de sa présence en faisant apporter du rhum aux danseurs. Et telle est leur ardeur que parfois, du samedi au lundi matin, l’orchestre ne cesse de jouer. Un nègre à califourchon sur le bamboula le frappe de coups sourds ; un autre tambour donne des sons plus accélérés ; un violon à quatre cordes, le Banza est pincé comme une mandoline. Et les acteurs de ce jazz ne le cèdent aux nôtres « ni par leurs sons bruyants, ni par le talent de boire copieusement, ou par