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longue queue attachée dans le dos, et pirouettaient en danses bouffonnes « avec la vélocité d’une fronde ».

Au milieu d’un cercle d’élèves, les maîtres de danse de l’Angola leur enseignaient le pas à exécuter et les répartissaient, suivant leurs voix, en trois groupes, première, seconde partie et basse, pour entonner des chansons dont un saut accompagnait chaque mesure. À défaut de mélodie, écrivait Degrandpré, une oreille assez fine les conduisait à l’harmonie : et des claquements de mains scandaient la mesure et donnaient de l’expression au rythme de la danse. « L’on peut assurer que pendant la durée de la moitié de toutes les nuits de l’année, écrivait Golberry, toute l’Afrique danse. »

« Après le coucher du soleil, tous les villages retentissent des chants qui accompagnent les danses. Quelquefois des villages, éloignés l’un de l’autre d’une demi-lieue et même d’une lieue, exécutent le même chant et se répondent alternativement. Il faut voir, pendant que cette correspondance harmonique dure, dans quel silence et avec quelle attention les jeunes nègres et les jeunes négresses écoutent, quand le village voisin chante son couplet. Il semble qu’ils veuillent, au milieu de ce concert de voix, reconnaître celle d’un amant ou d’une maîtresse. »

Qu’y a-t-il de changé aujourd’hui : « Quels que soient les chanteurs, hommes ou femmes, professionnels ou amateurs, écrivait Maurice Delafosse, les voix et les oreilles sont toujours remarquables par leur justesse. Que les chœurs exécutés à l’unisson ou en partie, l’harmonie est