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tous les préjugés d’Europe en faveur de l’instruction qu’on leur doit par les principes de notre religion. Mais la saine politique et les considérations humaines les plus fortes s’y opposent. La sûreté des blancs exige qu’on tienne les nègres dans la plus profonde ignorance. Je suis parvenu à croire fermement qu’il faut mener les nègres comme des bêtes. »

En 1835, il n’y avait dans l’île qu’un seul mariage pour 5.577 esclaves, et 14 à la Guadeloupe pour 96.803 nègres, Bourbon n’en avait pas un seul pour 69.296. Partout, les esclaves vivaient « d’une vie concubinaire ».

LE BÂTON « COCOMACAQUE »

Un bâton d’un bois à nœuds extrêmement dur, enjolivé de clous dorés et garni d’une lanière de cuir, est la seule arme permise aux nègres. Mais ils la manient avec une telle dextérité qu’ils la rendent aussi redoutable que le pen-bas breton. Rien de passionnant comme une lutte au bâton. Mouillant de leur salive leurs doigts, les nègres les frottent contre le sol, puis les passent sur leur langue, se frappent la poitrine, élèvent leurs regards vers le ciel et prennent ainsi la terre et le ciel à témoin par le plus solennel des serments.

Le combat commence. Les adversaires tournent l’un autour de l’autre en cherchant à se surprendre ; ils font tournoyer à deux mains leur bâton, frappent, parent et ripostent avec l’habileté des escrimeurs exercés. La joute ne prend