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Ou la voix lente du ruisseau
Qui traîne son murmure
Au pied du filao[1].

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Et ne croyez point que le créole fût le monopole des Antilles françaises. Les nègres de la colonie hollandaise de Surinam parlaient une mixture d’anglais, de hollandais, de français, d’espagnol et de portugais, dont le capitaine Stedman disait : « Dans ce dialecte mélangé, les mots finissent ordinairement par une voyelle comme dans la langue italienne et dans celle des Indiens. Il est si agréable, si sonore et si doux que les habitants de Surinam, du meilleur ton, s’en servent le plus souvent. La musique vocale des nègres est, comme celle des oiseaux, mélodieuse. »

Un article fort documenté du Journal des Débats, du 6 avril 1906, et daté de Port-au-Prince, nous renseigne sur l’état actuel du langage créole dérivé du français, que l’on comprend dans la plupart des îles du Vent, en Guyane, sur la côte orientale de Cuba et jusqu’en Louisiane. Autour du tireur de contes s’assemblent, aux veillées, toutes les notabilités du voisinage pour entendre les aventures des héros habituels de la fantaisie nègre, en attendant que la reine Chanterelle donne le signal de la danse, ou que l’on se conte vaillances, en échangeant des vœux.

  1. Victor DUQUESNOY, poète martiniquais, Madinina.