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simple qui lui donne l’aisance sans la tentation des richesses et possède en paix tous les biens de la modération, la santé, la beauté, la liberté. C’est là le temple de la sérénité… De là on voit au loin les nations de l’Europe venir porter la foudre au milieu des gouffres de l’Océan et sous les ardeurs des tropiques, toujours brûlantes des feux de l’ambition et de la cupidité ».

Nous ne savons de quelle région de l’Afrique venait la poignée de nègres qui vécut sur le roc de la sérénité !

SAINT-DOMINGUE, TOUR DE BABEL DES RACES NOIRES

Mais si l’on veut avoir une idée de l’effroyable mixture des races noires qu’amenait la traite, qu’on aille à Saint-Domingue. Des Dandas, des Africains d’importation, l’œil et l’oreille exercés des planteurs reconnaissent à une particularité du visage ou de la voix, le terroir d’origine. Ils discernent à leur noir d’ébène et à leurs lèvres tatouées de charbon, les Sénégalais, qui attribuent leur infortune au méfait de « papa Tam », le mauvais fils de Noé ; à leur doux parler, les Calvaires du cap Vert ; aux balafres de leur visage, les Bambaras ; aux coutures de leurs cicatrices, les Quiambas ; à leur harmonieux idiome, les Mandingues ; à leurs joues balafrées en long, les Mines d’Elmina ; à leurs tatouages en verrues, les Aradas d’Allada au Dahomey ; à leurs tempes scarifiées et à leur visage ciselé, les Fonds et les Foncédas ; à leurs gais propos, les Congos, dont