Page:La Roncière - Nègres et négriers, 1933.djvu/124

Cette page n’a pas encore été corrigée

affaires de leurs maîtres et ramènent leurs vaisseaux, est un spectacle vraiment édifiant, écrivait à la fin du dix-huitième siècle Saint-John de Crèvecoeur. J’ai vu plusieurs de ces patrons noirs à la table des riches planteurs de la Jamaïque, traités avec toute la considération que méritent leur intelligence et leur fidélité » ... leur bravoure aussi, car ils n’hésitent pas à attaquer les requins à la nage et à leur plonger un poignard dans le cœur, quand les monstres se tournaient sur le dos pour saisir leur proie.

Ajouterai-je que beaucoup de gens de couleur des Bermudes et de la Jamaïque étaient originaires de Madagascar ?

L’ÎLE DE SABA « TEMPLE DE LA SÉRÉNITÉ »

Dans l’essaim des Antilles, l’île de Saba a reçu de l’abbé Raynal un brevet de félicité. Le sommet de son roc escarpé était un jardin peuplé de « plantes d’un goût exquis et de choux d’une grosseur singulière. Une cinquantaine de familles Européennes, avec environ cent trente esclaves, disait-il, y cultivent le coton, le filent, en font des bas qu’on vend aux autres colonies. Il n’y a pas en Amérique d’aussi beau sang que celui de Saba. Les femmes y conservent une fraîcheur qu’on ne retrouve dans aucune autre des Antilles. Heureuse peuplade ! Élevée sur un rocher entre le ciel et la mer, elle jouit de ces deux éléments, sans en craindre les orages. Elle respire un air pur, vit de légumes, cultive une