Page:La Roncière - Nègres et négriers, 1933.djvu/122

Cette page n’a pas encore été corrigée

et l’asile des pauvres, diminué, presque enseveli. »

UN SINGULIER MAL D’ESTOMAC

D’une maladie des nègres aux Antilles, Thibault de Chanvalon décrivait ainsi les symptômes dans un mémoire lu en 1761 à l’Académie des Sciences : « Leur peau devient olivâtre ou couleur de feuille morte ; leur langue blanchit ; ils sont essoufflés dès qu’ils marchent ; le moindre mouvement les met hors d’haleine ; ils sentent de la douleur à la région épigastrique. Et comme les nègres confondent toutes ces parties avec l’estomac et qu’ils sentent en effet une chaleur et un tiraillement dans l’estomac, produits par une grande faim, ils ont nommé cette maladie mal d’estomac. Le sommeil les accable sans cesse ; ils sont languissants et sans forces, incapables d’aucun travail, ni même d’aucun exercice ; c’est un anéantissement, un affaissement total de la machine. Ils veulent être toujours couchés ; on est obligé de les battre pour les faire lever et pour les faire marcher ; quelques-uns se laissent assommer de coups plutôt que de se lever ; ils ont tous les goûts dépravés qui accompagnent la cachexie. Après avoir langui quelques mois, les jambes commencent à s’enfler ; ensuite les cuisses, le ventre et la poitrine venant à s’engorger, ils meurent étouffés.

« À Saint-Domingue, la cure consiste en des saignées, des purgations, de l’exercice. On leur donne habituellement une boisson diaphorétique,