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leurs mains délicates préparent des médicaments, tandis que la consolation coule de leur bouche persuasive. Sexe charmant ! Tel est votre apanage : la douceur et la bonté. » La négresse elle-même doit avoir toutes les qualités d’une infirmière, seconder le chirurgien, appliquer les remèdes, « tenir à la barre sur une espèce de lit de camp, le malade qui n’est pas discret sur l’article des femmes ».

Elle doit reconnaître la tache scorbutique du lota, la gale ou crassy-crassy, les ulcères jaunes des yaws, d’origine vénérienne, l’enflure de la lèpre ou boassy, qui empeste l’haleine et putréfie les membres ; il lui faut saisir par la tête le ver-ruban, long parfois de six pieds, qui s’est logé entre cuir et chair.

Deux fois par semaine, un chirurgien passe la visite. Comme honoraires, il reçoit annuellement dix livres par tête de nègre. Mais une maladie spéciale n’est pas comprise dans l’abonnement. Pour soigner le pian, mal essentiellement africain qu’on a confondu à tort avec la vérole et qui est apparenté à la filariose, le chirurgien emmène le patient à son domicile, le loge dans une case à part et lui fait suivre un régime « de nourritures sèches et de boissons sudorifiques, qui le débarrasse de gales sèches, dures, calleuses, circulaires, le plus souvent ulcérées et comme saupoudrées d’une farine blanchâtre », selon la description de Raynal. La gourme une fois éliminée, n’a plus de récidive. Mais le chirurgien ne touche son salaire que six mois après avoir remis l’esclave à son maître, quand est constatée l’entière guérison.