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la beauté, celui d’une jolie gorge. Elles affectent de l’aplatir, pour qu’on les traite en mères ; et il est assez singulier de voir des femmes occupées de perdre des appas qu’on cherche tant à conserver ailleurs. Il est donc peu commun de voir des négresses avec un beau sein, quoiqu’il soit ridicule de croire, du moins à l’égard de celles qui sont en Amérique, à ces tétons qu’elles jettent, dit-on, par-dessus leurs épaules, à des enfants qui ne savent comment saisir ces monstrueux vases à lait . » Le fait n’était vrai, nous l’avons vu, que pour les Hottentotes qui n’avaient guère de débit au Nouveau Monde.

La négresse créole avait une toute autre coquetterie. Une chemise, une jupe de toile blanche, des mouchoirs étaient tout son habillement ; des rubans de couleur aux cheveux, les colliers et des bracelets en rassade de verre étaient sa parure. Mais quel échafaudage que sa coiffure, son tignon. La mode exigeait, pour les coquettes, une douzaine de mouchoirs superposés en équilibre sur la tête : et comme chacun d’eux coûtait un demi-louis, on imagine les frais de toilette d’une négresse à la mode. La plus grande marque d’amour que pouvait lui donner un galant, c’était de lui faire couper des cotes, c’est-à-dire choisir de superbes mousselines, des indiennes ou des perses, pour se tailler des jupes.

UNE PLANTATION

Dans ces tableaux à la Téniers, que sont les Vues pittoresques de la Jamaïque, de Beckford,