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surélevé, un lit de repos et des armoires d’acajou en constituent le mobilier.

« De toutes les femmes, celles dont le genre nerveux est le plus travaillé par le magnétisme de l’amour », sont souvent prises pour modèles par les blanches ; et une curiosité déplacée n’est pas exempte de dangers, car elle n’est satisfaite qu’aux dépens de la décence. La nuit venue, ces filles de couleur sortent ostensiblement, éclairées par un fanal que porte une esclave, pour gagner le logis d’un amant. La publicité de leur inconduite est une de leurs plus douces jouissances.

Et le baron de Montlezun voyait dans les complaisances déplacées des Anglais — aussi bien que des Français — envers les femmes de couleur, un acheminement vers la ruine du système colonial adopté par les Européens.

Les quarteronnes surtout, issues d’un blanc et d’une mulâtresse, jouissaient d’un grand prestige. Habiles couturières, fines brodeuses, elle étaient plus sveltes que leurs mères et encore plus élégantes avec leur corset court en toile des Indes, lacé sur une chemise de mousseline, et avec leur jupon de satin garni de falbalas. Une belle chevelure bouclée sous un feutre noir, des médailles et des colliers d’or au cou, des bracelets aux bras, c’étaient de séduisantes créatures. Comment les négresses auraient-elles pu lutter avec ces demi-sang et ces quarts de sang ? Elles avaient pourtant des prétentions.

« À l’orgueil de la maternité, écrivait le bon Moreau de Saint-Méry, la plupart des négresses sacrifient l’un des charmes les plus séduisants de