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doguenou, faits de farine de maïs mélangée avec de la mélasse. »

Les nègres laissent au maître de la Grande Case les mets plus savoureux : les fritures de titiris ou d’alevins de poissons dormeurs, les fricassées de manicou, les migans ou purées de fruits à pain, les salades de choux palmistes au goût de noisette, la pulpe de coco, les sapotilles à peau brune, les pommes cannelles et les pommes liane d’or, les goyaves en forme de poire et les mangues juteuses au goût de térébinthe.

Les nègres parfois corsent le menu familial en se livrant aux plaisirs de la chasse aux lézards, aux crabes de terre, aux diables nocturnes et aux perroquets de mer. Rien d’amusant comme l’attaque du manicou, une sorte de sarrigue qui se niche au creux des arbres et qu’il faut enfumer pour l’obliger à déguerpir, ou comme la capture d’un grand lézard qui, sur une haute branche, se chauffe au soleil. Le nègre module un sifflement qui attire l’attention du saurien. Du bout d’une longue gaule, il lui chatouille le corps, si bien que le lézard se tourne comme un chat et avance la tête hors de la branche. C’est l’instant attendu. La gaule a un nœud coulant, un caboya qui, soudain, saisit le saurien et le fait tomber. Le tourlourou, — c’est ainsi qu’on appelle aux Antilles un crabe de terre à carapace rouge et aux yeux noirs, — est un mets délicat, lorsqu’on fait du taumalin des mâles une sauce assaisonnée de jus de citron, de sel et de piment. La nuit, une lanterne en main, un chien en quête, les nègres vont guetter les tortues de mer qui viennent déposer leurs œufs dans le sable : et si