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claies, des nattes ou des cuirs posés à plate-terre dans des cases étroites et malsaines. Il faut leur montrer à se faire de meilleurs lits et à les rehausser de manière que les vapeurs de la terre ne leur fassent pas trop ressentir la fraîcheur dangereuse des nuits. »

Et pourtant, voyez-les jacasser avec de grands éclats de rire autour du couï fait d’une demi-calebasse où, en guise de fourchettes, ils plongent leurs doigts. De leur place à vivres qu’est leur jardinet, ils ont tiré le manioc dont la farine sert à faire le couche-couche, puis des ignames, du maïs ou du millet, des concombres, des melons ou des giraumons. Le maître de la grande case leur a envoyé, comme régal les jours de fête, de la morue ou de la viande salée. Après un dernier bol d’eau fraîche, ils se nettoieront les dents avec un bout de liane savonneuse ou avec un bout de bois d’oranger aux fibres effilées : « On ne voit aucun nègre, homme ou femme, sans ce petit meuble qui, de plus, a la vertu d’adoucir l’haleine », écrivait le capitaine Stedman. Et il donnait des détails sur les ragoûts ordinaires des nègres de la Guyane : « le braf, hochepot de plantains et d’ignames, bouillis avec de la viande salée, du poisson sec et du poivre de Cayenne ; le tom-tom, espèce de pudding fait de farine de bled d’Inde, cuite avec de la grosse viande, de la volaille, du poisson, du poivre de Cayenne et les gousses tendres de l’ocra ou de l’althéa ; le pepper pot, ragoût de poisson bouilli avec du poivre de Guinée, qu’on mangeait avec des plantains rôtis ; le gangotay, composé de poisson sec et de plantains verts ; l’acansa et le