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santé parfaite, tandis que leurs maîtres, qui regorgent de biens, sont sujets à une infinité de maladies. »

C’est que « tout bonheur sur la terre n’existe que dans l’imagination ; et on peut toujours l’obtenir, quand la santé du corps et la paix de l’âme ne sont pas troublées par un despotisme oppresseur » ; et le capitaine Stedman commentait ainsi le portrait qu’il avait dessiné d’une famille de nègres de Loango, esclaves en Guyane : « L’homme a sur sa tête un filet et un panier rempli de petits poissons, produit de sa pêche ; sa femme, enceinte, porte des fruits de plusieurs espèces, en filant du coton au fuseau et en fumant paisiblement sa pipe ; elle a encore un enfant sur son dos ; un autre court en se jouant à côté d’elle. Ainsi donc, sous un maître humain et un honnête commandeur, le travail d’un nègre n’est qu’un exercice salutaire qui finit au coucher du soleil, et qui lui permet d’employer le surplus de son temps à chasser, à pêcher, à cultiver son petit jardin ou à faire des paniers ou des filets pour le marché. Du prix qu’il en retire, il achète un cochon, des canards et d’autres volailles qu’il élève sans peine. Dans une telle position, il est exempt de chagrins ; il ne paie point de taxes ; et il ne considère son maître que comme son protecteur. Il l’adore. »

« Il agit et ne réfléchit pas, disait de lui le colon Ducoeurjoly. Jamais un sentiment profond de douleur ou de plaisir ne fait couler des pleurs de ses yeux. Jamais il n’est pressé de besoins, dont le cercle est extrêmement étroit. Son penchant pour le plaisir le rend infidèle et inconstant dans ses amours. Il jouit du présent, mais il ne s’en occupe pas, et il ne conçoit pas l’avenir. Il suit ses fantaisies, ses caprices, quoiqu’ils l’éloignent de ses devoirs et qu’il ait la certitude d’être puni. »

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