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cirouelliers. Dans les forêts de bois de gaïac et d’ébène, de bois de fer, de bois savane, de bois à enivrer, de bois stercoraire, de bois chandelle, les perroquets aux vives couleurs caquètent sous le parasol des badamiers ou se pendent à la liane à chique. Sur le nopal patte de tortue, sur les cierges épineux, sur les torches vertes des cactus, sur l’alleluia à fleurs jaunes, sur le grand éclair du boccone, sur les tendres-à-cailloux, se détache, éblouissant de blancheur, le duvet des cotonniers. Des colibris, en banderoles irisées, viennent se poser sur les blanches orchidées.

Nous sommes à Saint-Domingue, où « l’année est un perpétuel printemps, jointe avec l’automne. On n’y voit jamais les arbres sans feuilles, fleurs et fruits. L’air y est excellent, et on n’y voit presque point de malades ; les vents n’y soufflent ordinairement que pour rafraîchir la terre qui, d’ailleurs, pleine de vie et sans cesse caressée par les plus doux rayons du soleil, n’y attend presque point le travail de l’homme pour lui prodiguer tous ses fruits ». Brave Dralsé de Grand-Pierre, crois-tu que les nègres vont souscrire à l’idylle de ton tableau ?

À L’ENCAN

Coup de canon. Le négrier est en rade : il a « de la marchandise humaine ». De la marchandise bien parée, reposée parfois par un court séjour dans une escale, cheveux coupés, barbe faite, peau luisant d’huile de palme, maladies cutanées masquées pour quelques jours par un onguent,