mari, et au cardinal de Richelieu, qui en était jaloux, et d’ôter Mlle de Hautefort au Roi, qui en était amoureux. Heureusement, les choses changèrent : la Reine ne se trouva pas coupable, l’interrogation du Chancelier la justifia[1], et Mme d’Aiguillon adoucit le cardinal de Richelieu ; mais il était nécessaire de faire savoir promptement toutes ces choses à Mme de Chevreuse, pour l’empêcher de prendre l’alarme et de chercher[2] à se mettre en sûreté. On avait fait jurer à la Reine de n’avoir aucun commerce avec elle, et il n’y avait que moi qui la pût informer de tout ce qui s’était passé. La Reine me laissa ce soin : je pris prétexte[3] de retourner chez mon père, où ma femme[4] était malade, et je promis à la Reine de rassurer Mme de Chevreuse et de lui faire savoir tout[5] ce dont elle me chargeait. Dans le temps que je lui parlais, et qu’elle n’avait pas achevé tout ce qu’elle avait à me dire, Mme de Seneçay[6], sa dame d’honneur,
- ↑ Mme de Motteville afirme dans ses Mémoires (tome I, p. 66) l’innocence de la Reine « à l’égard du Roi ; » mais elle ajoute qu’elle « étoit coupable, si c’étoit un crime d’avoir écrit au roi d’Espagne, son frère, et à Mme de Chevreuse. » La Porte, un des intermédiaires de la Reine dans la correspondance incriminée, dit (p. 361-367) qu’elle fit des aveux. La culpabilité d’Anne d’Autriche ressort suffisamment des lettres interceptées alors par la police de Richelieu , et qui sont conservées à la Bibliothèque nationale (manuscrits français, n° 3747)- Voyez Madame de Chevreuse, p. 127 et suivantes, et, dans l’Appendice du même ouvrage, les notes du chapitre iii.
- ↑ Et l’avertir de chercher. (18 17, 26, 38.) — Leçon qui fait un contre-sens dans le récit.
- ↑ Je pris le prétexte. (1817.)
- ↑ Andrée de Vivonne : voyez la Notice biographique, en tête du tome 1. La Rochefoucauld se conforme, en ce qui la touche, au conseil contenu dans sa maxime 364 : « On sait assez qu’il ne faut guère parler de sa femme. »
- ↑ Le mot tout n’est pas dans les éditions antérieures.
- ↑ Marie-Catherine de la Rochefoucauld, comtesse, puis duchesse