rabel, ministre d’Espagne[1]. On en fit un crime d’État à la Reine, et elle se vit exposée à une sorte de persécution qu’elle n’avait point encore[2] éprouvée : plusieurs de ses domestiques furent arrêtés[3], ses cassettes furent prises, Monsieur le Chancelier[4] l’interrogea comme une simple criminelle[5], on proposa de la renfermer au Havre, de rompre son mariage et de la répudier. Dans cette extrémité, abandonnée de tout le monde, manquant de toute sorte[6] de secours, et n’osant se confier qu’à Mlle de Hautefort et à moi, elle me proposa de les enlever toutes deux, et de les emmener à Bruxelles[7]. Quelque difficulté et quelque péril qui me parussent dans un tel projet, je puis dire qu’il me donna plus de joie que je n’en avais eu de ma vie : j’étais en un âge où on aime[8] à faire des choses extraordinaires et éclatantes, et je ne trouvais pas que rien le fût davantage que d’enlever en même temps la Reine au Roi, son
- ↑ En Flandre, et précédemment en France. Voyez Bazin, Histoire de France sous Louis XIII, tome II, p. 448.
- ↑ Pas encore. (1826, 38.)
- ↑ Entre autres la Porte, son porte-manteau, qui raconte l’affaire en détail dans ses Mémoires, p. 334 et suivantes.
- ↑ Pierre Seguier, né en 1588, mort en 1673, garde des sceaux en 1633, chancelier depuis 1635. Voyez ce que dit de lui V. Cousin dans le Journal des savants, 1854, p. 613, et L’Hisiorieite de Talemant des Réaux, tome III, p. 385 et suivantes.
- ↑ Comme une criminelle. (1817, 26, 38.)
- ↑ De toutes sortes. (1826, 38.)
- ↑ « Tout ce récit nous est un peu suspect, dit V. Cousin (Madame de Chevreuse, p. 122). Nous ne pouvons croire que la Reine ait eu la folle idée que lui prête la Rochefoucauld ; il aura pris une plaisanterie pour une proposition sérieuse, et il la rapporte pour se donner, selon sa coutume, un air d’importance. » Il faut pourtant se souvenir que ces temps abondent en traits que nous avons peine à croire aujourd’hui, et que parfois les personnages le plus haut placés ne reculaient pas devant les équipées les plus hardies.
- ↑ Dans un âge où l’on aime. (1817, 26, 38.)
