Page:La Rochefoucauld - Œuvres, Hachette, t2, 1874.djvu/86

Cette page n’a pas encore été corrigée

fut arrêtée prisonnière bientôt après[1], et ses malheurs ont duré autant que sa vie[2]. On les sait assez, et qu’elle enveloppa dans sa perte un grand nombre de personnes de qualité. Le grand prieur de Vendôme[3] et le maréchal d’Ornane[4] étaient morts en prison quelque temps auparavant ; le duc de Vendôme[5] y était encore ; la princesse de Conti[6] et le duc de Guise, son frère[7], furent chassés ; le maréchal de Bassompierre fut mis à la Bastille[8] ; le maréchal de Marillac[9] eut la tête tranchée ; on ôta les

  1. A Compiègne, le 23 février 1631. Voyez à ce sujet Mme de Motteville, tome I, p. 46 et suivantes.
  2. Le 19 juillet 1631, elle se sauva de nuit et alla en Flandre, auprès de l’infante Clara-Eugenia, gouvernante des Pays-Bas, tante d’Anne d’Autriche ; ensuite elle se retira en Angleterre, puis en Hollande ; elle mourut misérablement à Cologne, le 3 juillet 1643, à l’âge de soixante-huit ans. Voyez, au tome I, p. 332, la 17e des Réflexions diverses : Des événements de ce siècle.
  3. Alexandre de Vendôme, grand prieur de France, plus jeune de quatre ans que le duc son frère (voyez ci-après la note 5), avec qui il avait été emprisonné, d’abord au château d’Amboise, puis à Vincennes, où il était mort le 9 février 1629.
  4. Jean-Baptiste d’Ornano, maréchal de France, ancien gouverneur de Gaston, duc d’Orléans, était mort au château de Vincennes, le 16 septembre 1626. Nous suivons l’orthographe du manuscrit D ; elle marque la prononciation.
  5. César duc de Vendôme, fils aîné de Henri IV et de Gabrielle d’Estrées, né en 1594, mort en 1665 ; il ne sortit de prison qu’à la fin de 1629, en résignant son gouvernement de Bretagne.
  6. Louise-Marguerite de Lorraine, fille de Henri de Guise, tué à Blois, seconde femme de François prince de Conti, mort en 1614. Elle fut exilée à Eu, où elle mourut, dit-on, de chagrin.
  7. Charles de Lorraine, quatrième duc de Guise, qui alla dès lors s’établir à Florence. Il avait été emprisonné à Tours en 1588, après l’assassinat de son père à Blois. Il mourut en Italie, en 1640.
  8. Bassompierre resta douze ans en prison (1631-1643). C’est pendant ce laps de temps qu’il écrivit ses Ambassades et ses Mémoires. Né en Lorraine en 1679, il mourut en 1646 — Voyez sur lui l’Historiette de Tallemant des Réaux, tome III, p. 330 et suivantes.
  9. Louis de Marillac, frère consanguin du garde des sceaux