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aisément ce qu’une conduite si extraordinaire fit dans la cour, et quels prétextes elle fournit au Cardinal pour aigrir encore le Roi contre la Reine.

Les choses étaient dans[1] ces termes, quand la reine d’Angleterre partit pour aller trouver le roi son mari ; elle fut menée par le duc et par la duchesse[2] de Chevreuse. Le duc de Bouquinquan eut dans cette réception tout le sujet[3] qu’il désirait de faire paraître sa magnificence et celle d’un royaume dont il était le maître, et il reçut Mme de Chevreuse avec tous les honneurs qu’il aurait pu rendre à la Reine qu’il aimait. Elle quitta bientôt la cour du roi d’Angleterre[4], et revint en France avec le duc son mari ; elle fut reçue du Cardinal comme une personne dévouée à la Reine et au duc de Bouquinquan ; il essaya néanmoins de la gagner, et de l’engager à le servir[5] auprès de la Reine ; il crut même quelque temps qu’elle lui était favorable[6] ; mais il ne se fiait pas assez

    Porte (p. 298 et 299) s’écarte plus de celui de notre auteur ; selon lui, Buckingham et le comte de Holland, qu’il fait entrer ensemble, « demeurèrent beaucoup plus tard que la bienséance ne le permettoit à des personnes de cette condition, lorsque les Reines sont au lit ; et cela obligea Mme de la Boissière(a), première dame d’honneur de la Reine, de se tenir auprès de Sa Majesté tant qu’ils y furent, ce qui leur déplaisoit fort. Toutes les femmes et tous les officiers de la chambre ne se retirèrent qu’après que ces Messieurs furent sortis. »

    (a) II y avait une branche de Lannoy de la Boissière.

  1. En. (1817, 26, 38.)
  2. Par le duc et la duchesse. (1826, 38.)
  3. Toute l’occasion. (1817, 26, 38.)
  4. La cour d’Angleterre. (1826, 38.)
  5. De la gagner à le servir. (1817, 26, 38.)
  6. Mme de Motteville, si impartiale toutes les fois que l’honneur de sa reine n’est pas en cause, assure (tome I, p. 51) que le Cardinal s’était laissé toucher aux provoquants attraits de Mme de Chevreuse, et que ce n’était pas seulement par des raisons politiques qu’il désirait se concilier son ennemie. Lors de l’arrestation