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et pair de France, ou s’il avait fort aidé à rendre les services qui lui avaient fait mériter de l’être, dix ans devant que la France eût ouï seulement le nom de Mazarin. Mais si je ne suivis en cela mon premier mouvement, je ne laissai pas de le lui faire connaître, en sorte qu’il fut obligé de répondre plus précisément, et de me conseiller de parler à la Reine. Or j’entends assez ce langage-là pour ne m’y laisser pas tromper, et pour ne changer pas un homme qui demeurait d’accord de m’avoir promis, à une reine qui était pour moi en possession d’oublier ses promesses. Aussi m’assura-t-il qu’il lui parlerait, et qu’il me rendrait réponse dans fort peu de jours. Cependant celle qu’il me fit faire fut qu’il n’en avait point encore parlé, parce qu’il avait jugé à propos que j’en parlasse moi-même, mais en sa présence, m’assurant qu’il m’en donnerait bientôt le moyen, et celui de connaître de quelle façon il me voulait servir. Il s’acquitta fort bien de la dernière partie de sa promesse, par le peu de soin qu’il prit de s’acquitter de l’autre, et tout ce qu’il me procura auprès de la Reine fut le commandement d’aller en Poitou, aussitôt que la cour eut quitté Paris pour aller à Saint-Germain ; car, lui ayant représenté que rien ne pressait dans mon gouvernement et que j’avais beaucoup d’affaires à la cour, elle me répondit d’abord que je savais bien qu’il n’y avait point d’argent ; et, sur ce que