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que pour n’avoir pas voulu m’offenser. Mais que ne peut l’effronterie, quand elle est venue jusqu’à l’excès ? Il osa me débiter d’abord la grâce que l’on avait faite à tant de personnes pour une chose à laquelle je n’avais aucun intérêt, et qui choquait aussi peu sa promesse que ma prétention, puisque c’était pour ma maison que je demandais ce que les services de Mme de Senecey avaient obtenu pour la seule personne de Madame sa fille, et ce qu’il avait fallu accorder nécessairement à ceux qui avaient des lettres de duché. J’aurais pu répondre à cela qu’il devait s’accorder avec ses gazettes, en ce qui regardait Mme la comtesse de Fleix, et que, pour ce qui regardait les autres, nous avions eu tout loisir d’apprendre dans notre famille que le tabouret n’est dû de plein droit qu’après que les lettres de duché et pairie ont été vérifiées dans le Parlement ; mais, attendu que cette faveur avait été faite à des personnes que j’en estimais extrêmement dignes et pour qui je l’aurais désirée comme pour moi-même, je me contentai de lui soutenir qu’elle ne choquait pas si peu sa promesse ni ma prétention qu’il faisait semblant de se l’imaginer ; car, sans compter que, dans la parole qu’il m’avait donnée, il avait formellement dérogé aux explications dont il se servait, ces mêmes explications-là se trouveraient encore à son désavantage, et ç’aurait toujours été une méchante raison pour ne m’accorder pas ce qu’on avait bien voulu accorder aux autres, que de s’être engagé à me servir en quelque chose de plus que ce que les autres avaient obtenu. L’évidence et la force de ce raisonnement le mirent en désordre, et ne pouvant