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aux désordres qui servirent de moyens au Cardinal[1] pour prendre des liaisons avec les Frondeurs, comme on le verra dans la suite.

Entre[2] les plaintes générales qui se faisoient publiquement contre le gouvernement, le corps des rentiers de l’Hôtel de Ville de Paris, à qui on avoit retranché beaucoup de leurs rentes, paroissoit le plus animé[3]. On voyoit tous les jours un nombre considérable de bonnes familles, réduites à la dernière nécessité, suivre le Roi et la Reine dans les rues et dans les églises, pour leur demander justice avec des cris et des larmes contre la dureté des surintendants[4]. Quelques-uns s’en plaignirent au Parlement, et ce Joly, entre autres, y parla avec beaucoup de chaleur contre la mauvaise administration des finances[5]. Le lendemain, lorsqu’il alloit au Palais afin d’être à l’entrée des juges[6], pour cette même affaire, ou tira quelques coups de pistolet dans le carrosse où il étoit, sans que néanmoins il en fût blessé[7]. On ne put

  1. Fournit de matière aux désordres et de moyens au Cardinal. (Ms. H, réd. I et 2.) — Les anciens éditeurs et ceux de 1826, 38, ne comprenant pas cette tournure, ont substitué de la matière à de matière. L’éditeur de 1804 donne de matières, au pluriel.
  2. *Parmi. (Ms. H, réd. I.)
  3. Après maints délais, les fermiers des gabelles, qui avaient été condamnés par plusieurs arrêts du Parlement à fournir les fonds pour payer les rentes de l’Hôtel de Ville, s’étaient déclarés hors d’état d’exécuter les conditions de leur bail et en avaient demandé la résiliation. L’émotion fut telle à Paris que l’on songea un instant à mettre le feu aux maisons des fermiers.
  4. *Des surintendants, qui prenoient ainsi (qui prenaient tout, réd. I) leur bien. (Ms. H, réd. I et 2.)
  5. Sur toute cette affaire, consultez surtout les Mémoires de Guy Joli, tome I p. 88 et suivantes, et les Registres de l’Hôtel de Ville pendant la Fronde, tome II, Appendice, p. 447 et suivantes.
  6. Et il arriva que le lendemain, allant au Palais, à l’entrée des juges. (Ms. H, réd. 1.) — Ce lendemain était le 11 décembre 1649.
  7. *Dont néanmoins il ne fut pas blessé. (Ms. H, réd. I.)