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connaître que ce mariage se faisait directement contre leurs communs intérêts. Elle lui dit que le Cardinal[1], lassé de porter le joug qu’il venait de s’imposer, voulait prendre de nouveaux appuis pour ne dépendre plus de lui, et pour pouvoir manquer impunément à ses engagements et à la reconnaissance qu’il lui devait. Monsieur le Prince fut facile à persuader, et encore plus à promettre à M. le prince de Conti et à Mme de Longueville de se joindre[2] à eux pour empêcher ce mariage, bien qu’il eût, comme je l’ai dit, fait paraître à la Reine qu’il y consentait[3]. Il balança néanmoins quelque temps à se déclarer[4]. Je ne sais si ce fut parce qu’il voulait[5] que les premières difficultés vinssent de Monsieur son frère, ou pour reculer[6] de quelques moments la peine qu’il avait de s’opposer ouvertement aux sentiments[7] de la Reine ; mais enfin on sut bientôt qu’il ne pouvait approuver cette alliance[8], et le Cardinal résolut dès lors de se venger de lui, et d’avancer le dessein de l’arrêter.

  1. * Contre leurs communs intérêts, et que le Cardinal. (Ms. H, réd. I et 2.)
  2. * Fut aisé à persuader là-dessus, et il le fut encore davantage à promettre.... qu’il se joindroit. (Ms. H, réd. i.)
  3. Bien qu’il eût néanmoins donné parole à la Reine d’y consentir, comme je viens de dire. M(s. H, réd. i et 2.)
  4. Cette phrase manque dans la première rédaction du ms. H et dans les anciennes éditions.
  5. * Par cette raison qu’il vouloit. (Ms. H, réd. i.)
  6. Ou (si ce fut, réd. i) pour retarder. (Ms. H., réd. I et 2.)
  7. *Qu’il avoit à se déclarer contre les sentiments. (Ms. H, réd. i.)
  8. « Le mariage du duc de Mercœur et de Mlle de Mancini — fut le prétexte dont Mme de Longueville se servit encore pour l’animer contre le Ministre. Toute cette cabale disoit que le Cardinal ne pouvoir plus douter qu’il n’offensât Monsieur le Prince en le faisant, puisque, la chose ayant été en état de se rompre. Monsieur le Prince lui avoit dit qu’il lui faisoit un fort grand plaisir de lui apprendre cette nouvelle, et qu’il en verroit toujours la rupture avec joie. » (Mme de Motteville, tome III, p. 49 et 50.)