que Monsieur le Prince se vit abandonné en un instant de tout ce qui s’était joint à lui contre le Cardinal. Sa famille seule demeura dans ses intérêts, et elle ne lui fut pas inutile. La considération de Mme de Longueville était augmentée par l’opinion qu’elle avait donnée de son désintéressement et de sa fermeté, mais plus encore par sa haine déclarée contre le Cardinal qui commençait à la craindre, et qui gardait plus de mesures pour elle, par cette raison, que pour Messieurs ses frères[1].
Il arriva en même temps une querelle particulière, qui pensa renouveler la générale. M. de Beaufort[2], croyant que le marquis de Jarzay[3] et d’autres[4] dépendants du Cardinal avaient affecté de le morguer[5] aux Tuileries pour persuader que son crédit dans le peuple était fini avec la guerre, il résolut de leur faire un affront public. Ainsi, lorsqu’ils[6] étaient assemblés pour souper dans le jardin de Renard près des Tuileries[7], il y
- ↑ Se vit abandonné de tout ce qui..., excepté de sa famille, qui ne lui fut pas inutile, par la considération où Mme de Longueville se trouvoit alors, à cause de l’impression qu’elle avoit donnée de son ambition, de (et de, réd. 1) sa fermeté, et plus encore de sa haine déclarée contre le Cardinal, qui, par ces considérations (ces raisons, réd. 1), gardoit plus (bien plus, réd. 1) de mesures vers elle que vers Messieurs ses frères. (Ms. H, réd. 1 et 2.)
- ↑ * Qui fut sur le point de renouveler la générale ; car le duc de Beaufort, etc. (Ms. H, réd. 1.)
- ↑ René du Plessis de la Roche Pichemer, marquis de Jarzay (Jarzé, Jerzé ou Gerzé), était un gentilhomme angevin, qui fut successivement capitaine des gardes du corps du Roi, puis des gardes du corps du duc d’Anjou. C’était un fervent mazarin. Il mourut en 1672. Selon Monglat (tome II, p, 186), il avait « beaucoup de vivacité d’esprit et peu de jugement. »
- ↑ D’autres gens. (Ms. H, réd. 1.)
- ↑ « Morgue, dit Furetière, se dit fîgurément d’un regard fixe et sévère, par lequel il semble qu’on veuille braver quelqu’un. »
- ↑ Comme ils. {Ms.H, réd. 2.)
- ↑ Voyez ci-dessus, p. 86, note 4.
