leur mésintelligence avait commencé durant la guerre de Paris, sur ce que Monsieur le Prince se persuada que le Cardinal voulait[1] adroitement rejeter sur lui la haine des peuples, en le faisant passer pour l’auteur de tous les maux qu’ils avaient soufferts. Ainsi Monsieur le Prince crut en devoir user de la sorte envers[2] le Cardinal, pour regagner dans l’opinion du monde ce qu’il y avait perdu par la protection qu’il avait donnée à un homme si généralement haï, en l’empêchant de sortir du Royaume et de céder à sa mauvaise fortune. Il se souvenait encore des craintes et de l’abattement que le Cardinal avait témoigné pendant les derniers désordres, et il était[3] persuadé qu’il suffisait de lui faire peur[4] et de le mépriser pour lui attirer de nouveaux embarras, et l’obliger de recourir à lui avec la même dépendance qu’il avait eue dans l’extrémité où il s’était vu[5]. Monsieur le Prince s’imagina[6] peut-être aussi, par les choses
- ↑ * La guerre de Paris, où Monsieur le Prince crut que le Cardinal. (Ms. H, réd. 1.) — Voyez à l’appendice, II, v.
- ↑ Pour l’auteur de tous les maux et de toutes les pertes qu’ils avoient souffertes, de sorte que Monsieur le Prince crut en devoir user ainsi envers. (Ms. H, réd. 1.)
- ↑ Cette phrase est ainsi liée à la précédente dans les deux rédactions du ms. H et dans les anciennes éditions : « outre que se souvenant,... il étoit (il fut, réd. 1) persuadé. »
- ↑ La Rochefoucauld a déjà dit précédemment (p. 87) que le duc de Beaufort fit prendre l’alarme à Mazarin, « croyant qu’il suffisoit de lui faire peur pour le chasser du Royaume. »
- ↑ * Pour lui attiier de nouvelles affaires et pour l’obliger de recourir de nouveau à lui avec la même dépendance qu’il avoit eue dans ses pressants besoins. (Ms. H, réd. 1.) — Dans les anciennes éditions : « avec la même dépendance que par le passé. » — Retz dit (tome II, p. 503) que Monsieur le Prince, « à la lettre, l’avoit tiré de la potence. »
- ↑ * I1 s’imagina. (Ms. H., réd. 1 et 2.)
le dos, disant qu’il ne falloit pas paroitre devant ce Mars, et s’en alla aussitôt. » C’est le mot : Adieu Mars ! rapporté par Mme de Motteville, tome III, p. 35, et par Retz, tome II, p. 534.
