princes espéraient qu’il aurait une reconnaissance proportionnée à ses promesses et à ce qu’il leur devait[1]. M. le duc d’Orléans en attendait les effets sans inquiétude, et il était content de la part qu’il avait aux affaires et de l’espérance qu’on donnait à l’abbé de la Rivière, son principal ministre, de le faire cardinal ; mais Monsieur le Prince n’était pas si aisé à satisfaire : ses services passés, et ceux qu’il venait de rendre, à la vue du Roi, pendant le siège de Paris[2], portaient bien loin ses prétentions, et elles commençaient à embarrasser le Cardinal.
La cour était encore à Compiègne[3], et, quelques raisons qu’il y eût pour la ramener à Paris, le Cardinal ne pouvait se résoudre d’y retourner et d’exposer sa personne à ce qui pouvait être resté d’animosité contre lui dans un peuple qui venait d’en témoigner une si extraordinaire[4]. Il fallait néanmoins se déterminer[5], et, s’il lui paraissait dangereux de se fier à ses ennemis, il ne l’était pas moins de témoigner de les craindre. Dans cette irrésolution, où personne n’osait lui donner de conseil et où il n’en pouvait prendre de lui-même, Monsieur le Prince crut que, pour achever son ouvrage, il
- ↑ * A ses promesses et à ses obligations. (Ms. II, réd. 1 et 2.) — Les anciennes éditions transposent les deux substantifs.
- ↑ Ceux qu’il venoit de rendre au siège de Paris, à la vue du Roi. (Ms. H, réd. 2.) — Celui qu’il venoit de rendre, avec tant de succès, au siège de Paris, à la vue du Roi. (Ms. H, réd. 1.)
- ↑ La Reine, dit Monglat (tome II, p. 174 et 175), « prit prétexte du siège mis par l’Archiduc devant Ypres ; et, ayant fait marcher toutes les troupes qui bloquoient Paris devers la frontière sous le maréchal du Plessis, elle partit de Saint-Germain le dernier d’avril, et arriva le 2 de mai à Compiègne. »
- ↑ A ce qui (à tout ce qui, réd. 1) pouvoit rester d’animosité en un peuple qui en avoit témoigné depuis peu une si extraordinaire contre lui. (Ms. H, réd. 1 et 2.)
- ↑ * Se déterminer à quelque chose. (Ms. H, réd. 1.)
