Page:La Rochefoucauld - Œuvres, Hachette, t2, 1874.djvu/189

Cette page n’a pas encore été corrigée

provinces ; on distribua les charges de la guerre : les ducs de Beaufort, d’Elbeuf, de Bouillon et le maréchal de la Motte furent généraux sous M. le prince de Conti ; le duc de Luynes[1], Noirmoustier et moi fûmes lieutenants généraux ; le duc de Longueville, pour éviter l’embarras que le rang qu’il prétendait[2] lui eût pu donner[3], alla en Normandie, pour maintenir cette province dans ses intérêts[4]. On accepta les offres considérables que l’Archiduc[5] fit d’hommes et d’argent : enfin on se préparait à la guerre civile avec d’autant plus de chaleur que c’était une nouveauté ; mais elle n’avait pour fondement que la haine du cardinal Mazarin, qui était presque également odieux aux deux partis[6].

  1. Louis-Charles d’Albert, grand fauconnier de France, fils du connétable qui avait été le favori de Louis XIII. Né en 1620, il mourut en 1690. Voyez ci-dessus la note 1 de la page 103.
  2. Son père, Léonor d’Orléans, avait obtenu de Charles IX, pour lui et pour ses successeurs, le titre de prince du sang. — Voyez Madame de Motteville, tome II, p. 306.
  3. Et peut-être aussi pour sauver ses oreilles des malsonnantes satires rimées à l’occasion des couches de sa femme.
  4. Voyez, dans les Œuvres mêlées de Saint-Evremond (édition de M. Ch. Giraud, 1866, tome II, p. 3-21), la pièce satirique, qui a pour titre la Retraite de M. de Longueville en son gouvernement de Normandie, etc. Ce morceau, nous l’avons dit dans la Notice, figure dans les premières éditions des Mémoires comme étant l’œuvre de la Rochefoucauld.
  5. L’archiduc Léopold-Guillaume , frère de l’empereur d’Allemagne, Ferdinand III ; il était gouverneur général des Pays-Bas depuis 1647. Il mourut en 1662. Ce fut le 19 février que l’envoyé de l’Archiduc reçut audience au Parlement. Voyez à ce sujet, les Mémoires de Retz, tome II, p. 229 et suivantes ; et ceux de Guy Joli (tome I, p. 67-70), où il est dit en note qu’il ne vint pas d’envoyé de l’Archiduc, qu’on affubla de ses livrées un homme de bonne volonté, que ce fut « une fable concertée à Paris. »
  6. Consultez à ce sujet un intéressant chapitre de Walckenaër, Mémoires sur Mme de Sévigné, tome I, p. 209 et suivantes ; il s’y trouve une appréciation du caractère et du rôle des principaux personnages engagés dans la Fronde.