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L’arrivée du prince de Conti et du duc de Longueville lui donna de la jalousie ; il n’osa toutefois s’opposer ouvertement à la confiance qu’on devait prendre en eux, mais il la traversait avec beaucoup d’artifice[1]. Le duc de Bouillon[2] se joignit en même temps aux intérêts du Parlement ; j’ai parlé ailleurs[3] de ses grandes qualités et de son mérite. Le vicomte de Turenne[4], son

    des savants, 1854, p. 694) : « Pour d’Elbeuf, de l’argent, et qu’il attende. »

  1. Retz raconte au long toutes ces manœuvres , où lui-même joua un rôle fort curieux : voyez le tome II de ses Mémoires, p. 147 et suivantes.
  2. Frédéric-Maurice de la Tour d’Auvergne, prince de Sedan, duc de Bouillon, né en 1605. — « Dans les brouilleries de la cour en 1648, dit Bussy Rabutin (Mémoires, tome I, p. 846), quatre ou cinq maisons de gentilshommes crurent que le temps étoit propice pour faire valoir leur chimère de principauté ; celle de la Tour en fut une. » — Le duc de Bouillon était peut-être le plus redoutable de tous les ennemis de Mazarin. Il avait appris la guerre sous ses oncles maternels Maurice et Henri, princes d’Orange. Son mérite était égalé par son ambition, et son ambition était sans cesse aiguillonnée par celle de sa femme, Léonore-Catherine-Féronie de Berg, qui avait un pouvoir absolu sur son esprit. Dans cette maison, on prenait le titre d’Altesse, et le fils aîné portait celui de prince de Sedan. C’était le duc de Bouillon qui avait gagné en 1641, contre l’armée royale, la bataille de la Mariée, où périt le comte de Soissons. Arrêté, par ordre de Richelieu, en 1642, comme complice de Cinq-Mars, il avait été enfermé à Pierre-Encise et n’avait recouvré sa liberté qu’en cédant au Roi sa principauté de Sedan (pour laquelle il reçut en échange, lors de son accommodement avec la cour en 1651, les duchés d’Albret et de Chàteau-Thierry, et les comtés d’Auvergne et d’Évreux). Il aurait même été décapité sans l’intervention de ses parents, le duc de Nassau et le landgrave de Hesse, alliés précieux pour la France dans sa lutte contre l’Empire et l’Espagne. Il mourut le 9 août 1652.
  3. Ce mot ailleurs prouve que cette partie des Mémoires a été composée ou revue postérieurement à la suite, où se trouve en effet (p. 427 et 428) un portrait du duc de Bouillon.
  4. Henri de la Tour d’Auvergne, vicomte de Turenne, né en 1611, mort en 1675 ; il était très-entiché, lui aussi, de principauté,