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Le bruit de leur venue se répandit en peu de temps et fit de différents effets[1] : le peuple les reçut avec joie ; mais ceux du Parlement qui ignoraient le traité de Noisy, fomentés[2] par les partisans de la cour, publiaient que c’était un artifice, et que le prince de Conti et le duc de Longueville, liés au prince de Condé par tant de proximité et par tant d’intérêts, ne se mettaient à la tête d’un parti que pour le sacrifier à la vengeance du cardinal Mazarin. Cette impression, si aisée à recevoir par un peuple timide et par le Parlement étonné, fit douter quelque temps de la sûreté de Mme de Longueville, du prince de Conti et de tout ce qui les avait suivis[3]. Le Parlement rejeta d’abord leurs offres, et il ne les reçut qu’après qu’il fut instruit par le Coadjuteur, Broussel, Longueil, et par ceux qui savaient le traité. M. le prince de Conti et Mme de Longueville, pour donner plus de confiance, logèrent dans l’Hôtel de Ville et se livrèrent entièrement entre les mains du peuple[4].

La cour cependant avait ressenti vivement la retraite du prince de Conti, du duc de Longueville et des

    Motteville (tome II, p. 303 et 304], qui fait ressortir les hésitations du duc de Longueville, et qui ajoute : « Pour le prince de Marcillac, qui étoit de la partie, je ne doute pas qu’il n’allât gaiement au crime de lèse-majesté, et que ce voyage ne lui parût la plus belle et la plus glorieuse action de sa vie. »

  1. Fit différents effets. (1817, 26, 38.)
  2. Les éditions antérieures portent fomenté, au singulier, ce qui fait un contre-sens.
  3. Voyez, à ce sujet, les Mémoires de Retz, tome II , p. 151 et suivantes.
  4. On sait que Mme de Longueville accoucha à l’Hôtel de Ville (dans la nuit du 28 au 29 janvier) d’un fils dont le duc de la Rochefoucauld passait, avec vraisemblance, pour être le père, et qui fut baptisé par le Coadjuteur sous le nom de Charles-Paris. Cet « enfant de la Fronde », comme l’appelle V. Cousin (la Jeunesse de Madame de Longueville, 3e édition, p. 826), périt en 1672, au passage du Rhin.