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bien loin de me tenir les paroles que le Cardinal m’avait données, il avait accordé des lettres de duc à six personnes de qualité sans se souvenir de moi[1]. J’étais

    être seule capable de vous donner ces bons mouvements, et de vous faire contribuer de tout votre pouvoir à la gloire de sa régence et de son administration. J’ai été ravi de pouvoir, en suite de ce que vous me mandez, assurer Sa Majesté de l’entière obéissance où est la province de Poitou, par les bons ordres que vous avez donnés pour étouffer dans leur naissance les petits désordres qui y étoient arrivés. Il est superflu de vous exciter par aucunes persuasions à commencer (sic) d’avoir toujours l’œil que toutes choses se passent comme elles doivent, et Sa Majesté n’attendra que de bonnes nouvelles d’un endroit où vous avez l’autorité en main. Ses intentions sont les meilleures du monde pour l’avantage et le soulagement du peuple, autant que le soutien de la guerre qu’elle a sur les bras, et qu’elle n’a encore pu finir par l’opiniâtreté de nos ennemis, le pourra permettre. Mais certes, si, après tant de grâces considérables que vous savez qu’elle a fait, on prétendoit en acheter d’autres par des voies illégitimes, la province, pensant de rendre sa condition meilleure, ne feroit que l’empirer, et il vous sera facile de lui faire connoitre que ce ne seroit que s’attirer sur les bras, au grand regret de Sa Majesté et de ceux qui ont l’honneur de la conseiller, la plus grande partie des troupes dont les armées sont à présent composées, et que l’hiver qui approche donnera lieu de pouvoir retirer des endroits où elles agissent présentement. Je veux espérer que chacun demeurera dans son devoir ; néanmoins, si vous voyez que quelque chose branle, donnez-en, s’il vous plait, avis promptement par deçà, afin qu’on vous envoie des forces convenables pour maintenir l’autorité et faire obéir le Roi. Vous demandez de si bonne grâce la grâce et l’élargissement de ceux que vous avez fait arrêter, que, par les témoignages que vous rendez que la faute n’est pas si grande qu’on le croyoit, et qu’ils sont en bonne volonté de la réparer par leur conduite à l’avenir, que Sa Majesté remet à votre disposition d’en user comme vous aviserez, et enfin vous donne leur grâce, si vous les en jugez dignes et assez repentants de leur faute, ainsi que vous apprendrez plus particulièrement par les dépêches de M. le Tellier. C’est tout ce que je vous dirai pour cette fois, et que je suis avec beaucoup d’estime et une passion très-forte, etc. »

  1. Sur cette affaire des tabourets, voyez les Mémoires de Mme de Motteville, tome II, p. 262 et suivantes, ceux de Rctz, tome II, p. 540 et suivantes, et encore ci-après L’Apologie.