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la Trimouille et à quelques autres ; je me voyais si éloigné des grâces solides, que je m’étais arrêté à celle-là. J’en parlai au Cardinal en partant ; il me promit positivement de me l’accorder dans peu de temps[1], mais qu’à mon retour j’aurais les premières lettres de duc qu’on accorderait, afin que ma femme eût cependant le tabouret[2]. J’allai en Poitou, comme j’ai dit, dans cette attente, et j’y pacifiai les désordres[3] ; mais j’appris que

  1. En peu de temps. (1817, 26, 38.)
  2. C’est-à-dire le privilège d’être assise en présence de la Reine, quand celle-ci tenait son cercle. « C’était à la fois, dit V. Cousin (la Jeunesse de Madame de Longueville, 3e édition, p. 819), l’ambition la plus petite et la plus extraordinaire ; car enfin la duché-pairie était dans sa maison depuis 1622, grâce à Marie de Médicis ; elle lui appartenait après son père ; il ne s’agissait que d’attendre ce qui ne lui pouvait manquer ; et alors il eût été fort bien reçu à solliciter, pour la duchesse sa femme, les honneurs du tabouret ; mais prétendre les emporter d’avance, quand il n’était ni chef de famille ni de maison souveraine, et vouloir être duc par brevet en 1648, quand il pouvait l’être de droit d’un jour à l’autre, comme il le fut en 1650, en vérité nous nous étonnerions d’un si misérable amour-propre, si la Rochefoucauld ne nous enseignait que l’amour-propre est le mobile de toutes les actions. » — Voyez les Mémoires de Mathieu Mole, tome II, p. 65-68, où se trouve la teneur des lettres patentes de duché-pairie du père de la Rochefoucauld, présentées le 2 septembre 1631 à l’enregistrement.
  3. « L’avis que j’en donnai à la cour, dit la Rochefoucauld, dans son apologie (voyez ci-après), y fut reçu apparemment d’assez bonne grâce. » Le Cardinal lui écrivit à cette occasion, le 9 septembre 1648, une lettre que V. Cousin a transcrite dans la Jeunesse de Madame de Longueville (3e édition, appendice, p. 470 et 471), et dont nous avons revu le texte sur la copie d’où il a tiré le sien et qui se trouve à la bibliothèque Mazarine (Lettres françaises de Mazarin, H 1719, tome III, fol. 414 verso, et fol. 415 et verso) : « Monsieur, aussitôt que j’ai reçu la lettre que vous avez pris la peine de m’écrire , je l’ai lue moi-même d’un bout à l’autre à la Reine, afin de lui faire mieux connoitre avec quel zèle et quelles utilités vous servez le Roi. Sa Majesté en a témoigné grand sentiment, et m’a dit qu’elle n’attendoit pas moins de l’affection que vous aviez pour elle en particulier, qu’elle sait bien