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s’étaient opposés avec plus de chaleur aux nouveaux édits et à la misère publique. Cette entreprise du Cardinal n’eut pas le succès qu’il en attendait : le peuple prit les armes ; le Chancelier, pour éviter sa fureur, se sauva dans l’hôtel de Luynes[1] ; on le chercha dans la maison pour le mettre en pièces, et le maréchal de la Meilleraye y alla en diligence, avec quelques compagnies du régiment des Gardes, pour le sauver. Il fut en péril lui-même ; on tendit les chaînes des rues ; on fit partout des barricades ; et le Roi et la Reine se virent investis dans le Palais-Royal, et forcés de rendre[2] les prisonniers, que le Parlement leur envoya demander[3]. Dans ce trouble, le coadjuteur de Paris[4], qui jusqu’a-

  1. L’hôtel du duc de Luynes, qui avait épousé une cousine du Chancelier, se trouvait sur le quai des Augustins, au coin de la rue Git-le-Cœur. — Voyez, ci-après, p. 121, note 1 ; et, au sujet de cet hôtel, le tome II des Mémoires de Retz, p. 43, note 3.
  2. De renvoyer. (1817, 26, 38.)
  3. On ne voit pas bien, dans le récit très-sommaire et un peu confus de la Rochefoucauld, la succession chronologique des événements. Le mercredi, 26 août 1648, premier jour de la mutinerie, Paris se couvrit de barricades ; on jeta des pierres au maréchal de la Meilleraye, qui essayait d’apaiser le désordre, et les bourgeois gardèrent les avenues du Parlement. Ce fut ce jour-là que le Coadjuteur fit par les rues sa fameuse promenade en rochet et camail, et tenta auprès de la Reine, au Palais-Royal, cette démarche de conciliation qui lui a fourni, selon son mot habituel, une des plus belles scènes de ses Mémoires (voyez tome II, p. 15 et suivantes). La nuit toutefois fut assez calme ; mais le lendemain 27, le chancelier Seguier ayant voulu, suivant les ordres de la cour, se rendre au Palais pour y lire un arrêt sévère du Conseil, fut assailli par le peuple, et ce fut ce même jour qu’eut lieu cette députation impérieuse du Parlement, suivi de plus de vingt mille hommes, qui obligea Anne d’Autriche à capituler et à rendre les prisonniers. Voyez le récit de Retz, tome II, p. 39 et suivantes ; à l’appendice du même tome II, la Journée des barricades, p. 607-620 ; et l’Histoire du temps, p. 189 et suivantes.
  4. François-Paul de Gondi, plus tard cardinal de Retz, avait été élevé en 1643 à la coadjutorerie de l’archevêché de Paris, dont