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Cardinal n’avait pas ménagé le duc d’Enghien sur la charge d’amiral vacante par la mort du duc de Brezé[1], son beau-frère, qui avait été tué ; le prince de Condé avait fait paraître son mécontentement, et s’était retiré à Valery[2]. Mme de Longueville[3], dont j’avais alors toute la confiance, sentait aussi vivement que je le pouvais désirer la conduite du cardinal Mazarin envers le duc d’Enghien, pour les intérêts de sa maison. Ces commencements d’aigreur furent quelque temps méprisés par le Cardinal : il se fiait à ses artifices et à sa fortune, et plus encore à l’esprit de servitude de la nation. Il haïssait le Parlement, qui s’opposait aux édits par des assemblées et par des remontrances[4], et il atten-

    rables par leur obscurité, devinrent problématiques ; et dès là, à l’égard de la moitié du monde, odieuses. Le peuple entra dans le sanctuaire ; il leva le voile qui doit toujours couvrir tout ce que l’on peut dire, tout ce que l’on peut croire du droit des peuples et de celui des rois, qui ne s’accordent jamais si bien ensemble que dans le silence. La salle du Palais profana ces mystères. »

  1. Jean-Armand de Maillé, marquis de Brezé, fils du maréchal de ce nom, créé duc de Fronsac en 1634 ; il était neveu de Richelieu par sa mère, Nicole du Plessis, et frère de la duchesse d’Enghien. Il périt devant Orbitello, ville de Toscane, dans un combat naval livré aux Espagnols, le 14 juin 1646. Outre sa charge de surintendant de la navigation (voyez plus haut, p. 74, note 2), il laissait vacant le gouvernement de Brouage, de la Rochelle et des îles voisines.
  2. Valéry, dans le Gâtinais (Yonne), à environ cinq lieues de Sens. Cette résidence, qui devint le lieu de sépulture de la maison de Condé, avait été donnée à Louis Ier de Bourbon, prince de Condé, par la veuve du maréchal de Saint-André.
  3. Elle revint de Munster, sans son mari, à la fin de l’hiver de 1647.
  4. On trouvera l’exposé de tout ce mouvement parlementaire, fort connu d’ailleurs, dans l’Histoire du temps ou le véritable récit de ce qui s’est passé dans le parlement de Paris depuis le mois d’août 1647 jusques au mois de novembre 1649. Retz, dans ses Mémoires, a plus d’une fois copié, en l’abrégeant, cet ouvrage, dont le Journal du