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on ôta les finances à M. Boutiller[1]. Comme je ne prétends pas écrire particulièrement tout ce qui s’est passé dans un temps[2] si agité, je me contenterai seulement de rapporter ce qui me regarde, ou au moins ce dont j’ai été témoin.

La première grâce que je demandai à la Reine et que j’obtins d’elle après la mort du Roi, ce fut le retour du comte de Miossens[3] à la cour[4], et son abolition[5], pour s’être battu en duel et avoir tué Villandry[6]. La Reine me donnait beaucoup de marques d’amitié et de confiance ; elle m’assura même plusieurs fois qu’il y allait de son honneur que je fusse content d’elle[7], et qu’il n’y avait

  1. Claude Bouthilier, père du comte de Chavigny (voyez ci-dessus, p. 31, note 3), né en 1584, mort on 1652 , secrétaire d’Etat au département des affaires étrangères (1618), puis surintendant des finances avec Bullion (1682).
  2. Dans ce temps. (1817, 26, 38.)
  3. César-Phæbus, comte de Miossens, sire de Pons, qui fut maréchal de France en 1653, et prit dès lors le nom d’Albret ; nommé gouverneur de Guyenne en 1670, il mourut en 1676, âgé de soixante-deux ans, et ne laissant que des filles ; le nom d’Albret s’éteignit avec lui.
  4. « A la cour » est omis dans les éditions antérieures.
  5. Les lettres d’abolition se donnaient en grande chancellerie. Le Roi y déclarait abolir, effacer un crime, un fait incriminé ; c’était un acte de pleine puissance royale, interdisant toute recherche et accordant le pardon.
  6. Dans ce duel, le comte de Miossens et le marquis de Villandry servaient le chevalier de Rivière et Vassé, qui, eux, ne se firent point de mal. Voyez, Tallemant des Réaux, tome II, p. 202, et tome V, p. 476 ; de ces deux passages de Tallemant, le second montre bien que Villandry fut tué par le futur maréchal d’Albret, et non, comme le dit, au premier endroit, une note marginale de l’édition citée des Historiettes, par son frère François Amanieu, chevalier d’Albret, celui qui plus tard tua en duel Henri de Sévigné, mari de l’illustre marquise.
  7. Voyez, ci-après, les premières pages de l’apologie de M. le prince de Marcillac.