habileté[1] des fautes de ses ennemis ; la Reine balançait néanmoins, et ne pouvait se déterminer encore à déclarer ses sentiments.
Le Roi vécut trois semaines après avoir reçu l’extrême-onction ; cette longue extrémité augmenta les cabales ; sa mort les fit bientôt paraître. Elle arriva le 14 mai de l’année 1643[2], à pareil jour que, trente-trois ans auparavant, il était parvenu à la couronne. La Reine amena le lendemain le Roi son fils à Paris ; deux jours après, elle fut déclarée régente au Parlement[3], du consentement de Monsieur et de Monsieur le Prince, et la déclaration du feu Roi y[4] fut cassée ; le soir même, elle établit le cardinal Mazarin chef du conseil[5], et le parti qui lui était opposé apprit cette nouvelle avec la surprise et l’étonnement qu’on peut aisément s’imaginer. Le premier soin du Cardinal fut de sacrifier M. de Chavigny à la Reine, et de se décharger sur lui du crime de la déclaration, malgré leur ancienne liaison et l’amitié qu’ils s’étaient nouvellement jurée : on lui ordonna de se défaire de sa charge de secrétaire d’État entre les mains de M. de Brienne[6], et
- ↑ Habilement. (1817, 26, 38.)
- ↑ Le 14 mai 1643. — A Saint-Germain : voyez les Mémoires de la Châtre, p. 196 et suivantes.
- ↑ Le 18 mai, trois jours après, et non deux. Voyez les détails qne donne Mme de Motteville, tome I, p. 105 et 106.
- ↑ Le mot y n’est pas dans l’édition de 1817.
- ↑ Il faut lire dans les Mémoires du Jeune BriEnne (Louis-Henri de Loménie), tome I, p. 296, comment les choses se passèrent, et quelle fermeté déploya, pour la première fois, Anne d’Autriche.
- ↑ Henri-Auguste de Loménie, comte de Brienne, né en 1595, mort en 1666, devint secrétaire d’Etat en titre en 1638 ; puis, après avoir, en 1643, résigné pendant quelques mois ses fonctions entre les mains de Chavigny, il remplaça celui-ci au département des affaires étrangères. Il est père de Henri-Louis, dont nous venons de citer les Mémoires. Les siens furent publiés en 1717-1723. Les manuscrits que contenait sa bibliothèque, achetée par Louis XIV, composent un fonds précieux à la Bibliothèque nationale.