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le commencement de la Régence, et depuis, dans la première guerre de Paris[1]. Il se lia particulièrement avec l’évêque de Beauvais[2], qui était le seul des serviteurs de la Reine que le cardinal de Richelieu n’avait pas[3] jugé digne d’en être éloigné. Sa longue assiduité auprès d’elle lui avait acquis beaucoup de crédit, et lui avait fait trouver des occasions de détruire presque tous ceux qu’elle avait considérés. Il ne s’opposa point à la faveur du duc de Beaufort, dans la vue de ruiner de concert le cardinal Mazarin, qui faisait beaucoup de progrès dans l’esprit de cette princesse[4]. L’évêque de Beauvais crut

  1. La Châtre (p. 186) est moins sévère dans le portrait qu’il fait de Beaufort : « Un peu de vanité, et de feu de jeunesse, dit-Il entre autres choses, lui fît faire à son retour des fautes notables. » Quant à Retz (tome II, p. 177 et 178), voici sous quels traits il nous dépeint le chef des Importants : « (Son sens) étoit court et lourd, et d’autant plus qu’il étoit obscurci par la présomption. Il se croyolt habile, et c’est ce qui le faisoit paroître artificieux, parce que l’on connoissoit d’abord qu’il n’avoit pas assez, d’esprit pour être fin. Il étoit brave de sa personne, et plus qu’il n’appartenoit à un fanfaron : il l’étoit en tout sans exception , en rien plus faussement qu’en galanterie. Il parlolt et il pensolt comme le peuple, » — Voyez, au tome I, p. 54, 70 et 84, les notes de M. Gilbert sur les maximes 56, 90 et 129.
  2. Augustin Potier, évêque de Beauvais en 1616, premier aumônier de la reine Anne d’Autriche, et nommé ministre d’Etat au commencement de la Régence, mort le 19 juin 1650. Il était oncle du président aux Enquêtes René Potier de Blancmesnil. Retz (tome I, p. 209 et p. 229) le traite de « plus idiot que tous les idiots » et de « bête mitrée ». Mme de Motteville se borne à dire (tome I, p. 109) qu’il « ne soutenoit pas les affaires avec la force et la capacité qu’un premier ministre doit avoir. »
  3. Qu’il n’avoit pas. (1817, 26, 38.)
  4. « Cette insinuation, dit Mme de Motteville (qui vit croître jour par jour la faveur de Mazarin), se fit facilement dans l’âme de la Reine — L’évéque de Beauvais diminuant de puissance à mesure que celle de son compétiteur augmenta, ce nouveau ministre commença dès lors à venir les soirs chez la Reine et d’avoir avec elle de grandes conférences. » (Mémoires, tome I, p. iii.)