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autre côté, le pardon qu’il venait d’accorder à Monsieur pour le traité d’Espagne[1] et l’aversion naturelle qu’il avait toujours eue pour ce prince le tenaient dans une irrésolution qu’il n’aurait peut-être pas surmontée, si les conditions de la déclaration[2] que le cardinal de Mazarin et M. de Chavigny lui proposèrent ne lui eussent fourni l’expédient qu’il désirait pour restreindre la puissance de la Reine et la rendre dépendante d’un conseil nécessaire.

Ce conseil devait être composé de Monsieur, de Monsieur le Prince[3], du cardinal Mazarin, du Chancelier, de M. des Noyers et de M. de Chavigny, et la déclaration portait que la Reine ne pourrait rien résoudre sans leur avis[4]. Cependant le cardinal Mazarin et M. de Chavigny cachaient soigneusement ce projet à la Reine ; mais l’ayant communiqué à M. des Noyers, il s’y opposa, et leur fit trop connaître qu’il ne pouvait jamais y consentir. Cette sincérité causa sa perte bientôt après : ils ne doutèrent point qu’il ne voulût s’établir, à leurs dépens, auprès de la Reine, et qu’il ne lui rendît compte de ce qu’ils lui avaient[5] proposé ; ils résolurent de l’éloigner des affaires, de peur qu’il ne se mît en état de les en éloigner eux-mêmes, quand la Reine serait régente. M. des Noyers apprit à la Reine, comme ils l’avaient

  1. Voyez plus haut, p. 44 et 45.
  2. Les mots de la déclaration ne sont pas dans les éditions antérieures.
  3. Henri II de Bourbon, prince de Condé, premier prince du sang, père du grand Condé, né en 1588, mort en 1646- Voyez sur lui les Mémoires de Lenet, tome II, p. 166-173.
  4. Sans leurs avis. (1826, 38.) — Voyez dans V. Cousin, Madame de Chevreuse (Appendice, p. 471-476), le texte de cette déclaration, qui fut enregistrée au Parlement le 21 avril 1643, vingt-trois jours avant la mort du Roi.
  5. De ce qu’ils avoient. (1817, 26, 38.)