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dans un attachement particulier[1] pour…[2] , et Monsieur le Grand aimait éperdument Mlle de Chemerault ; il lui persuadait même qu’il avait dessein de l’épouser, et il lui en donnait des assurances par des lettres qui ont causé de grandes aigreurs après sa mort entre Mme la princesse Marie et elle, dont j’ai été témoin.

Cependant, l’éclat du crédit de Monsieur le Grand réveilla les espérances des mécontents : la Reine et Monsieur s’unirent à lui ; le duc de Bouillon[3] et plusieurs personnes de qualité firent la même chose[4]. Tant de prospérités pouvaient aisément éblouir un homme de vingt-deux ans ; mais on ne doit pas pardonner à la Reine, à Monsieur, ni au duc de Bouillon, d’en avoir été assez éblouis eux-mêmes pour se laisser entraîner par Monsieur le Grand à ce funeste traité d’Espagne dont on a tant

  1. Le mot particulier n’est pas dans les éditions antérieures.
  2. Pour M. ***. (1817.) — Pour***. (1826, 38.) — Est-ce le nom de Longeron que cachent les trois points ou les trois astérisques ? « Elle eut le déplaisir, avant de quitter Paris, dit Tallemant des Réaux dans l’Historiette de la reine de Pologne (tome III, p. 405), d’apprendre qu’on avoit fait quelque médisance d’elle et de Monsieur le Grand, et même de Langeron, qui, comme bailli de Nevers, avoit de tout temps de l’attachement à sa maison. » — On ne peut songer au duc d’Orléans, dont l’amour pour la princesse Marie fut antérieur à cette époque, et à qui elle avait gardé, disait-on, un amer ressentiment : voyez Mme de Motteville, tome I, p. 40 et p. 245 et 246.
  3. Sur Frédéric-Maurice de la Tour d’Auvergne, prince de Sedan et duc de Bouillon, frère de l’illustre Turenne, voyez ci-après la note 2 de la page 118.
  4. Mme de Motteville, parlant de ce complot, dit (tome I, p. 72) : « Le Roi en étoit tacitement le chef ; Monsieur le Grand en étoit l’âme ; le nom dont on se servoit étoit celui du duc d’Orléans. . . ; et leur conseil étoit le duc de Bouillon , qui s’y engagea , à cause qu’ayant été dans le parti du comte de Soissons, il étoit fort mal à la cour… Monsieur le Grand, ne se fiant pas tout à fait à l’amitié et à la force du Roi, voulut avoir une armée pour défendre Sedan, que le duc de Bouillon leur donna pour place de sûreté. »