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une nouvelle scène. Sa faveur était devenue suspecte au cardinal de Richelieu, qui l’avait commencée ; il connut bientôt la faute qu’il avait faite de faire chasser Mlle de Hautefort[1] et Mlle de Chemerault[2], qui ne lui pouvaient nuire auprès du Roi, et d’y établir un jeune homme ambitieux, fier par sa fortune, plus fier encore par son élévation naturelle et par son esprit, mais peu capable d’être retenu par la reconnaissance des avantages que le maréchal d’Effiat, son père[3], et lui avaient reçus du cardinal de Richelieu. Monsieur le Grand était extrêmement bien fait ; il était étroitement engagé avec Mme la princesse Marie, depuis reine de Pologne[4], qui était une des plus aimables personnes du monde. Dans le temps que sa vanité devait être le plus flattée de plaire à cette princesse, elle, de son côté, souhaitait ardemment de l’épouser, et dans ce temps, dis-je, où l’un et l’autre paraissaient entraînés par la violence de leur passion, le caprice, qui dispose presque toujours de la fidélité des amants[5], retenait depuis longtemps la princesse Marie

    de Vigny, un opuscule intitulé : Le dernier épisode de la vie de Richelieu, 1868, in-8°.

  1. Mlle de Hautefort, dont on a mentionné plus haut la disgrâce, s’était retirée près du Mans, dans une terre qui appartenait à sa grand’mère.
  2. Richelieu avait fait chasser Mlle de Chemerault, en même temps que Mlle de Hautefort, pour mieux couvrir son jeu et la trahison de cette fausse amie de la Reine.
  3. Antoine Coëffier de Ruzé, marquis d’Effiat, avait été surintendant des finances, maréchal de France, et ambassadeur extraordinaire en Angleterre. Il était mort en 1632.
  4. Marie-Louise de Gonzague, née en 1612, fille aînée de Charles duc de Neevers, puis duc souverain de Mantoue, et sœur de la célèbre princesse Palatine. Elle fut à deux reprises reine de Pologne, ayant épousé Wladislas VII en 1645, puis le frère de celui-ci, Casimir V, en 1649. Elle mourut à Varsovie en 1667.
  5. Comparez avec les maximes sur les Amants et l’Amour (voyez la Table du tome I), et avec la 18e des Réflexions diverses (p. 343-345).