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après la prise d’Hesdin[1]. Le reste de la campagne[2] fut considérable par le combat de Saint-Nicolas[3], qui fut grand et opiniâtre, et par l’enlèvement de deux mille Cravates[4] auprès de Saint-Venant[5], où vingt-cinq ou trente volontaires de qualité soutinrent seuls, sur une digue, tout l’effort des ennemis, et les repoussèrent quatre ou cinq fois, à coups d’épée, jusques dans les barrières de leur camp. Sur la fin de cette campagne, où on avait dit du bien de moi au cardinal de Richelieu[6], sa haine commençait à se ralentir ; il voulut même m’attacher dans ses intérêts ; le maréchal de la Meilleraye m’offrit de sa part de me faire servir de maréchal de camp, et me fit voir de grandes espérances ; mais la Reine m’empêcha d’accepter cet avantage, et elle désira instamment que je ne reçusse point de grâce du Cardinal qui me pût ôter la liberté d’être contre lui quand elle se trouverait en état de paraître ouvertement son ennemie. Cette marque de la confiance de la Reine me fit renoncer avec plaisir à tout ce que la fortune me présentait ; je remerciai le maréchal de la Meilleraye avec tout le ressentiment[7] que

  1. De Hesdin. (1826, 38.) — Ville de l’Artois, sur la Candie ; elle fut prise, le 29 juin 1639, après quarante jours de siège, par Louis XIII, qui y entra par la brèche. Elle nous fut cédée définitivement en 1659, par la paix des Pyrénées.
  2. Le reste de la campagne. (1817, 26, 38.)
  3. Bourg des Pays-Bas, à quatre lieues d’Anvers. — Sur ce combat, voyez les Mémoires de Montglat, tome I, p. 230 et 231.
  4. Cravates ou Croates, cavalerie légère de l’empereur d’Allemagne. Les rois de France eurent eux-mêmes, à partir du dix-septième siècle, des Croates à leur solde ; Louis XIV en forma un régiment sous le nom de Royal-Cravate.
  5. Ville de l’Artois sur la Lys, vers les frontières des Flandres, à deux lieues d’Aire. Elle fut prise par les Français en 1645 et en 1657, par les ennemis en 1649 et en 1710, et rendue à la France par la paix d’Utrecht, en 1713.
  6. « De Richelieu » est omis dans les éditions antérieures.
  7. Le ressentiment, la reconnaissance.