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NOTICE BIBLIOGRAPHIQUE

comme parle la lettre, aux propos du monde[1], est postérieure de dix années.

La comtesse, mariée en 1655, était veuve : depuis combien d’années ? nous ne le savons pas au juste ; mais le plus jeune de ses fils était né en 1659. Elle habitait rue de Vaugirard, en face du petit Luxembourg, un charmant hôtel avec un jardin où il y avait « un jet d’eau, un petit cabinet couvert,… le plus joli petit lieu du monde pour respirer à Paris[2]. » Là se rencontrait une docte et spirituelle société : Huet, la Fontaine, Ménage, Mme de Sévigné, Segrais, la Rochefoucauld, parfois Monsieur le Prince, « le héros, » dont elle était « si amie, » nous dit Saint-Simon[3], et qui demeurait dans le voisinage. Mme de la Fayette avait toutes les qualités du rôle qu’elle remplit si assidûment auprès de l’auteur des Maximes : plus

  1. Et ces propos ne ménageaient pas tous la vertu de la comtesse. Un contemporain, le sieur Guillard, écrit, en 1689, dans un article de ses Généalogiesa, que l’on a « fait de petites railleries d’elle parce qu’elle souffroit avec plaisir l’attache que le feu duc de la Rochefoucauld avoit pour elle. » La médisance est moins polie dans une chanson du tempsb, où Mme de la Fayette est désignée sous le nom de la nymphe Sagiette et son ami sous celui du berger Foucault ; Petitot (tome LXIV, p. 342, note 2) en cite quelques lignes auxquelles le nom propre très-significatif de Saucourt (Soyecourt) donne un sens fort clair et fort libre.

    a Bibliothèque nationale, Fonds Gaignières. Fr. 25187, p. 30. Publié dans le Cabinet historique, tome IV, 1858, p. 212.

    b Chansonnier, Fr. 12639, p. 177.

  2. Mme de Sévigné, lettre du 24 juillet 1676, tome IV, p. 542. — Mme de la Fayette était fille d’Aymar de la Vergne, maréchal de camp. C’est lui sans doute que la Topographie historique du vieux Paris, de MM. Berty et Tisserand (région du Bourg Saint-Germain, p. 328), désigne par ce nom : « le sieur de la Vergne, » comme ayant acheté des religieuses du Calvaire, en 1640 (sa fille avait alors six ans, et quatorze ou quinze quand elle le perdit), une partie d’un grand jardin faisant le coin occidental de la rue Férou. L’acte de décès de Mme de la Fayette dit bien que son hôtel, où elle mourut en 1693, était « rue de Vaugirard, proche la rue Férou » : voyez le Dictionnaire de Jal, p. 720 et 721.
  3. Mémoires de Saint-Simon, édition de 1873, tome IV, p. 397. — Voyez la lettre de Mme de Sévigné du 29 juillet 1676, tome IV, p. 549