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SUR LA ROCHEFOUCAULD

Quelque temps après (16 octobre), le prince de Condé, que Mademoiselle avait sauvé au dernier moment en ordonnant de tirer le canon de la Bastille sur les troupes du Roi, sortait de Paris, et, suivant sa fatale étoile, s’en allait en Flandre commander les troupes espagnoles. La victoire de Mazarin était complète ; on sait qu’il n’en abusa pas. Il retourna en exil, pour donner à l’animadversion générale le temps de s’apaiser ; six mois après seulement, le 3 février 1653, il rentra dans Paris. Le Roi y fit son entrée solennelle dès le 21 octobre 1652, et l’on se hâta de publier une amnistie portant les réserves ordinaires de ces actes d’abolition générale, c’est-à-dire excluant de la clémence accordée au menu fretin des coupables les fauteurs les plus redoutés de la rébellion. La Rochefoucauld se vit ranger parmi les factieux qui n inspiraient pas grande appréhension[1] : il fut admis à profiter des avantages de l’amnistie ; mais, bien que fort malade de sa blessure, il refusa par fierté la grâce qu’on lui voulait faire, aimant mieux suivre, s’il le fallait, jusqu’au bout la triste fortune de Condé. Au mois de novembre 1652[2], il quitta Paris et, muni d’un passe-port, se retira avec sa famille dans la place de Damvilliers, dont le marquis de Sillery, son beau-frère, était gouverneur, et où, en 1650, le chevalier de la Rochefoucauld, qui commandait alors pour le duc son frère dans cette place, avait été livré, pieds et poings liés, aux troupes royales par ses propres soldats[3]. Là, conjointement avec Condé, il reprit ses intelligences avec les Espagnols[4] ; mais il était dans cet état d’épuisement phy-


    cite ces vers en note avec des variantes), et ceux de Mme de Motteville, tome IV, p. 20 et 21.

  1. Le marquis de Montausier, gouverneur d’Angoumois et de Saintonge, alors malade à Angoulême, ne partageait pas, au sujet de la Rochefoucauld, la sécurité de la cour. Voyez ci-après, à l’appendice v, 7° (p. cviii), des fragments de deux lettres écrites par lui à le Tellier, aux dates des 14 et 18 novembre 1652.
  2. Gourville dit par erreur (p. 268) : « vers la fin de septembre » ; voyez au tome III, p. 113 et 115, les lettres 41 et 42, et à l’appendice i du même tome, p. 268, la lettre 18.
  3. Voyez les Mémoires de Retz, tome II, p. 500, 501 et note i ; tome III, p. 27, 28 et note i.
  4. Sur les engagements pris à cet égard, avant de quitter Bor-